La prospective régionale dans le champ emploi-formation : de quoi parle-t-on ?

La prospective est là pour imaginer l’avenir à long terme, construire des scénarios du futur « pertinents, vraisemblables et cohérents », comme les qualifie Gaston Berger, souvent considéré comme le père de la prospective. Ces scénarios vont au-delà d’un prolongement des tendances jusque là observées. La prospective vise à réduire l’incertitude de l’avenir et faciliter les décisions du présent.

Le champ emploi-formation est complexe : les besoins de formation sont difficiles à anticiper (écart entre le contenu des formations et le métier exercé). De même, les prévisions de recrutement sont difficilement quantifiables (manque de lisibilité à moyen et long terme des représentants professionnels et des entreprises, effet démographique biaisé par un renouvellement non systématique des départs à la retraite, pratiques différenciées de gestion de la main-d’œuvre, etc.).

Des modèles nationaux de prospective existent, souvent basés sur une modélisation macro-économique et des scénarios économiques. Ces modèles ne peuvent être déclinés tels quels en région alors que les évolutions politiques et institutionnelles de ces dernières années renforcent le besoin de prospective régionale. Ainsi, la décentralisation a développé les compétences des conseils régionaux. Celles-ci se sont élargies, souvent en partenariat avec l’État : formation professionnelle, développement économique, transports, aménagement du territoire, environnement, etc. Par ailleurs, la crise économique depuis 2008 est venue encore renforcer le besoin d’anticipation et d’accompagnement des mutations économiques, tant du côté des pouvoirs publics que des acteurs socio-économiques.

Faire de la prospective régionale n’est pas tant reproduire les travaux réalisés par le national au niveau régional que rechercher les articulations pertinentes entre les résultats des travaux nationaux et des travaux régionaux. Car des spécificités régionales existent. Elles relèvent de la nature des activités économiques du territoire, des caractéristiques de la population (démographie, niveaux de qualification, niveaux de revenus, etc.), de la géographie et de l’aménagement du territoire, etc. Ces caractéristiques peuvent faciliter ou freiner l’accès à l’emploi (grandes entreprises motrices, infrastructures de transport, présence de pôles universitaires, problème de coût du logement, attractivité de la région et qualité de vie, etc.), et impliquent la contextualisation de la prospective tout en rapprochant ces données de celles du niveau national.
Un des enjeux de la prospective régionale est de s’ancrer dans les politiques régionales déclinées dans différents schémas construits par l’État et/ou la Région (par exemple : le schéma régional de développement économique – SRDE) et/ou de s’appuyer sur des outils comme des tableaux de bord emploi-formation réalisés par les branches professionnelles, les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), etc.
En d’autres termes, faire de la prospective régionale, c’est se baser sur des éléments de cadrage nationaux (les grandes tendances, l’environnement du secteur professionnel...) et les décliner selon les réalités régionales, avec les forces et faiblesses constatées.

Quelques observatoires régionaux emploi-formation (OREF) se sont engagés dans des démarches de prospective régionale, dont l’ORM. S’il existe une diversité de modèles envisagés par les OREF, les démarches mobilisées sont relativement proches, avec un certain nombre d’étapes incontournables. Il s’agit de réaliser un diagnostic « dynamique » prenant en compte une temporalité, de choisir un modèle reposant sur des projections d’emploi et de construire des scénarios basés sur des hypothèses optimistes, pessimistes ou de prolongation de tendance. L’étape d’interprétation des résultats consiste à croiser les diagnostics dynamiques et les estimations nationales et à les soumettre pour débat aux partenaires sociaux et acteurs socio-économiques du territoire. Les positionnements de ces différents acteurs, leurs intentions, éclairent et orientent les analyses.

La finalité première de cet exercice est de mettre en évidence des tendances de long terme, stimuler le débat régional et éclairer l’action présente et à venir.

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février 2013

 

juillet 2015

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